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Il y a un Dieu. Ce pauvre papier qui devait tomber aux mains les plus intéressées à le détruire, il a miraculeusement échappé, il est revenu aux mains pieuses de la mère de Lucile. Il a pu arriver au jour.

Qui le croirait ? Ce geste même d’un accusé, mort sans être entendu, a été exploité par ses ennemis. Ils ont dit que ce geste, du 5, était cause du décret du 4, que c’étaient là ces révoltes, ces violences contre lesquelles il avait bien fallu protéger le tribunal en mettant hors des débats ces insolents furieux.

Cette allégation stupide, réfutée par les simples dates, l’est d’ailleurs expressément par le principal agent de leur mort. Herman, avant la sienne, a déclaré que ni Danton ni Desmoulins, aucun des accusés n’avait insulté le tribunal.

Ce qu’Herman avoue encore, c’est que jamais ils ne surent leur jugement. Parmi leurs cris, leur fureur, leur désespoir, on les emporta. Le mot est vrai, à la lettre, pour Camille, qui, des deux mains, s’accrocha à son banc. Et comme contre les lois, par la force seule, par un brigandage, on devait l’assassiner, il résista aux brigands. Il fallut, comme un taureau, l’abattre pour l’enchaîner.

Le jugement était imprimé dès le matin par Nicolas, avant la condamnation.

Danton était redevenu tout à fait lui-même, fort calme, seulement inquiet de la France. À travers des mots cyniques, d’une apparente insouciance, il