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à Dieu et aux hommes… Mais c’était pour prévenir un nouveau septembre ; ce n’était pas pour qu’il fût le fléau de l’humanité. »

Ce tribunal, au reste, différait entièrement de son institution première. Il fut changé jusqu’à trois fois en neuf mois de 1793.

D’après le premier projet, celui de Lindet, on n’y eût été envoyé que par décret de la Convention. Evidemment il n’eût jugé que des cas d’exception peu nombreux. Il aurait jugé les actes, non les opinions.

On a vu qu’à l’époque de la trahison de Toulon, la Commune exigea un tribunal plus nombreux et plus rapide. Cependant il restait des garanties. Le président devait faire un interrogatoire préalable, recevoir les dépositions écrites des témoins. Les juges, les jurés, devaient chaque mois être répartis au sort entre les quatre sections qui composaient le tribunal, de sorte qu’on ne pût prévoir quelles affaires leur seraient soumises.

L’accélération des jugements ne permit guère bientôt de suivre ces mesures. Robespierre demanda pourtant, le 25 décembre, une accélération nouvelle. Il l’eût demandée encore en ventôse, si le juré Scellier, l’un des jurés les plus durs, ne l’eût prié cependant de ne pas désespérer le jury. Il attendit prairial.

Au 2 avril, quand s’ouvrit le procès de Danton, le tirage au sort des jurés se faisait sans nul témoin, entre le président Herman et Fouquier-Tinville. Tirage, non ; mais triage ! Il y parut aux résultats.

Le chef du jury était un homme des Cévennes,