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l’Intérieur les administrations civiles, et de la Justice la surveillance des tribunaux, pour les donner à une même commission. Ajoutez une petite chose qu’elle cumulait encore, un simple bureau de police, d’attributions très limitées, mais qui envahit bientôt, et qui, remis à Herman, le meurtrier de Danton, fit la plus redoutable concurrence au Comité de sûreté générale.

Ce bureau était la part réelle de Robespierre et le vrai but de la loi, part minime en apparence. La grosse part était pour Carnot. On lui mit le rapport dans la main, lui imposant de le lire à la Convention. Véritable coup de maître ! de faire endosser par cette lecture au plus honnête, au plus humain des hommes, la solidarité apparente de l’acte affreux qu’on préparait !

Les choses étant arrivées là, tout convenu, la nuit avancée, chacun près de s’en aller, Saint-Just tira de sa poche un volumineux manuscrit, sa barbare et furieuse traduction du réquisitoire de Robespierre.

Cette pièce, horriblement éloquente, nous a atteints, tous, amis de la liberté, d’une inguérissable blessure ! Elle nous a avilis. Elle fait et fera toujours la joie des tyrans. Ils rient deux fois en la lisant, sur la perte de Danton, sur l’aveuglement de Saint-Just. La France dit, le cœur arraché : « J’ai perdu mes deux enfants. »

Le plus triste, dans ce discours si superbement montagnard, ce sont les appels à la droite, la