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Pas un mot ne fut dit encore au Comité de sûreté. Mais l’homme de Robespierre, Payan, qu’il avait mis à la Commune à la place de Chaumette, fut averti sans nul doute. Il demanda un arrêté qui défendît d’apporter des bancs pour les spectateurs sur la place des exécutions. Il fit savoir à Fouquier-Tinville que désormais le cimetière de la Madeleine ne recevrait plus les guillotinés. Fouquier lui-même (le 25) en avertit l’exécuteur[1].

Ce cimetière était plein, il est vrai, mais l’on entassait toujours. Louis XVI et la Gironde, l’un sur l’autre, c’était trop. Placé si près des boulevards, il était hanté, ce champ de repos, par les passions brûlantes ; les ombres y erraient en plein jour. Royalistes et Girondins, en pressant du pied la terre, croyaient la sentir vivante. Mais qu’aurait-ce été, grand Dieu ! si l’on eût mis là encore Danton, Desmoulins ?… La terre eût pris feu… On prévit donc sagement. Dix jours d’avance, dans un lien infiniment peu fréquenté, près d’une barrière déserte, dans une partie réservée du parc abandonné de Monceaux, on créa un cimetière pour cacher, si l’on pouvait, cet objet terrible.

Danton en ouvrit les fosses et y attendit Robespierre.

  1. Archives. Armoire de fer, lettres de l’accusateur public à l’exécuteur.