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épaules. « Est-ce qu’on emporte sa patrie à la semelle de ses souliers ? » Il sentait qu’on ne cache pas un tel homme et qu’encore en moins il eût eu un asile à l’étranger. Pour résister à Paris, il eût fallu que l’Assemblée maintînt le décret contre Héron. La droite, en biffant ce décret, avait livré les dantonistes. Le grand sens pratique de Danton lui dit tout cela. Il y avait à y regarder d’ailleurs avant de s’accuser soi-même par une démarche précipitée. Le Comité de salut public n’eût point fait une telle chose sans le Comité de sûreté. Celui-ci n’était pas informé encore. Danton y avait Ruhl et d’autres pour l’avertir ou le défendre.

Ce qui se pouvait, il le fît. Le soir du 24, Rousselin, envoyé ou par lui ou par son ami Paré, ministre de l’intérieur, conseilla aux Cordeliers d’appeler les Jacobins à l’épuration de leur club. Cette démarche fraternelle, fondant les deux sociétés, y portant l’esprit d’unité, eût pu renouer l’alliance et des Cordeliers-Jacobins et des héberto-dantonistes, si maladroitement rompue par Hébert. Là seulement était le salut. Mais les Cordelies refusèrent.

Du 21 au 24, et encore les jours suivants, on ne fit rien qu’adoucir, assoupir la Convention, la convaincre que le Comité de salut public ne gouvernait que par elle. On lui soumit des affaires qu’on avait toujours faites sans son concours. On la laissa prendre pour président Tallien, et les Jacobins Legendre. Quels sujets de sécurité pour les dantonistes ! De toutes parts, des communes des environs de Paris venaient