Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Loin de répondre au mémoire du vainqueur de Lyon, de Dubois-Crancé, Gouthon, rentré aux Jacobins, lui parla, non en collègue, mais en juge, l’interrogea, faisant pleinement sentir la distance qu’il y avait entre un membre du Comité de salut public et un simple représentant du peuple. Un homme de Robespierre, Julien (de la Drôme) étouffa brusquement la chose. On fit taire Dubois-Grancé.

Robespierre jeune, qui n’avait nullement l’importance de Couthon, se trouva avoir, qu’il le voulût ou non, une importance princière, quasi dynastique, dans sa mission de Toulon. De même que Couthon avait recueilli le succès tout fait de Lyon, ce jeune homme arriva à point pour partager l’honneur de l’affaire si populaire du Midi. Une artillerie immense ayant été amenée de Lyon et des Alpes, concentrée autour de Toulon avec des forces considérables, les assiégés anglais, espagnols, n’ayant pu rien faire pour prendre pied dans le pays, le succès était certain. Il était fort avancé par les efforts de Fréron et de Barras. Robespierre voulait les faire rappeler pour que son frère commandât seul. Ils furent avertis à temps (27 octobre). Une députation formidable de quatre cents sociétés populaires du Midi déclara vouloir garder Barras et Fréron, qui seuls étaient à la hauteur, non suspects de modérantisme. Robespierre jeune n’y alla donc que comme adjoint aux deux autres. Ils n’en furent pas moins effacés. Il eut une espèce de cour ; un foyer d’intrigues et d’ambition se forma autour de lui. Un jeune officier