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servir le royalisme qu’ils simulaient l’exagération ! »

Rien de plus calomnieux. Coupables sous tant de rapports, ils n’en étaient pas moins républicains. Même ce misérable Hébert, en montant sur la charrette, disait à Ronsin : « Ce qui me tue, c’est que la République va périr ! — Non, dit l’autre, elle est immortelle ! »

Grande époque ! où même les pires avaient cependant la foi.

Pour les faire croire royalistes, on imagina de mêler au procès une Vendéenne. Pais, comme l’affaire s’appelait conspiration de l’étranger, on y mit des étrangers : le banquier Kock, ami d’Hébert, le Belge Proly, qui, bâtard d’un prince autrichien, pouvait entrer comme appoint dans toute conspiration.

Mais l’horreur, l’horreur éternelle, fut d’y mettre encore, sans cause, ni raison, ni prétexte, Anacharsis Clootz, le pauvre Allemand.

Clootz contre qui, il est vrai, on trouva ce grief si grave qu’il avait invité à déjeuner un membre du Département pour savoir de lui si telle femme était portée sur la liste des émigrés.

Ayant frappé ce coup à gauche, le 16, on frappa à droite. On força Amar à donner enfin son rapport sur Chabot et Fabre, qu’on avait cousu à Chabot. Amar se cachait chez lui. On l’en arracha. Il dut parler ou périr.

Tout ce qu’Amar fit pour Fabre, qu’on le forçait d’accuser, ce fut de le montrer comme un filou, non comme un criminel d’État, de sorte que la chose