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leur avaient surpris leur drapeau et le portaient en avant.

Les Cordeliers étaient fort abattus. Hébert, après avoir tué Jacques Roux, renié Chaumette, subi le joug de Robespierre, n’allait plus aux Jacobins ; il avait mis prudemment la sourdine au Père Duchesne. Les petites sociétés du centre de Paris, très petites, mais agitées toujours des furies de Jacques Roux, ne permirent pas aux Cordeliers d’avaler l’outrage. Elles firent honte à Hébert, le lâche aboyeur, d’aboyer sans mordre. La diplomatie hébertiste (on a vu celle de Carrier) ne pouvait continuer sans soupçon de trahison.

Paris avait, à ce moment, une saison qui lui est propre, un dur carême à vent aigre, temps froid, sec, pauvre, irritant. Très peu de vivres arrivaient. Des boutiques partout fermées, les marchands ne voulant plus vendre, plutôt que de vendre à perte. La longue queue grelottante avant le jour à la porte des boulangers, queue aux chantiers, queue aux bouchers. C’étaient là certainement les éléments d’un mouvement. Le 4 mars, les Cordeliers voilèrent d’un crêpe noir la Déclaration des droits, déclarant qu’elle resterait telle « jusqu’à ce qu’on vît cesser la disette et punir les ennemis du peuple. » Le 5, l’exaltation croissant, Vincent, Hébert, attaquèrent le Comité de sûreté qui ajournait l’affaire de Fabre ; puis, comme Hébert s’accusait lui-même de ne pas tout dire, Boulanger, un fier-à-bras de l’armée révolutionnaire : « Parle, Père Duchesne, ne crains rien ; tu parleras,