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ne raisonna jamais autrement. Si on les eût appliquées, on n’eût point trouvé d’innocent. Tous sortis de la monarchie, tous plus ou moins corrompus, par cela seul tous étaient traîtres, avec cette étrange doctrine. Saint-Just était-il innocent, lui qui, deux ans auparavant, venait de réimprimer son imitation de la Pucelle ?

La Convention ne fut pas moins surprise des traits lancés par Saint-Just contre le mouvement de Chaumette, mouvement avoué d’elle-même (16 novembre). Il ne devina pas lui-même l’effet immense de ses paroles, la joie de la contre-révolution.

La conclusion est hardie, décisive : « Le besoin asservit* le peuple, la Révolution n’est pas encore entrée dans l’état civil. Celui qui s’est montré l’ennemi de son pays n’y peut être propriétaire. Indemnisons les malheureux avec le bien des ennemis de la Révolution. »

Il substitue ainsi aux principes des biens nationaux vendus par l’État le simple don, l’indemnité gratuite[1].

« Les comités révolutionnaires feront connaître au Comité de sûreté générale la conduite de tous les détenus depuis mai 1789. »

Le sens de cet article fut très clairement indiqué par Couthon et autres, qui demandèrent que le bien

  1. Entre le premier système qui a favorisé l’usure et le second qui favorise la paresse et le sommeil, il y avait pourtant un milieu, l’affermage des biens nationaux à un prix très bas, qui mettrait l’homme laborieux en état d’acquérir peu à peu des parcelles. Soulager les malheureux par l’aumône gratuite d’une confiscation, c’est une solution éphémère et pauvre.