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et laborieuses élucubrations de Robespierre, elle avait perdu la voix. Avant l’ennuyeuse époque des Portalis et des Jordan, la France devait parler encore, parler une fois à la presse, témoigner de son vrai génie, pour entrer ensuite, un peu consolée, dans le tombeau.

Donc Camille se sentait revivre. Après avoir, lui aussi, traîné, tremblé et alangui, il sentait, comme Samson, que les cheveux lui repoussaient. Non content d’avoir, des deux pieds, écrasé les Philistins, je veux dire les hébertistes, il allait, poussé d’une force inconnue, secouer les colonnes du temple et la réputation de Robespierre.

L’affaire de Fabre avait percé le cœur de Camille ; elle le détacha de son maître. L’amitié pouvait seule l’émanciper de l’amitié. On le voit aux premiers mots du n° 6 (15 janvier) : « Considérant que l’auteur immortel du Philinte vient d’être mis au Luxembourg avant d’avoir vu le quatrième mois de son calendrier, voulant profiter du moment où j’ai encore encre et papier, et les deux pieds sur les chenets, pour mettre ordre à ma réputation, je vais publier ma foi politique, dans laquelle j’ai vécu et mourrai, soit d’un boulet, soit d’un stylet, soit de la mort des philosophes, comme dit le Compère Mathieu. »

Elle fut écrite, cette profession de foi, mais non publiée.

Personne, jusqu’en 1836, n’a pu deviner pourquoi Desmoulins est mort.

Le cœur déjà serré de la censure pontificale qu’il