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l’Europe, qu’aux divisions de partis. Nous voyons dans les Mémoires de Carnot qu’il dînait aux Tuileries chez un restaurateur avec Gollot d’Herbois.

Collot se fût sans difficulté arrangé avec Danton, et il lui eût ramené la moitié des Jacobins. Il restait comme à la chaîne et sous la fatalité de sa grande affaire de Lyon, qui lui revenait sous mille formes.

La défaillance était grande dans les hommes principaux. Thuriot avait perdu la parole ; sa poitrine ne lui permettait plus de monter à la tribune. Legendre y montait toujours, mais pour devenir de plus en plus ridicule ; la naïveté de ses peurs, de ses colères mal jouées, ses reculades sous forme d’emportements patriotiques, étaient une farce habituelle qui eût fait rire la mort même.

Mais la ruine la plus lamentable était Danton. Son aplatissement volontaire eût été moins remarqué s’il eût gardé le silence ; mais non, il parlait. Il rusait avec infiniment d’esprit et de lâcheté avec la situation. Il s’était fait le second de Robespierre pour accabler Clootz ; et, en retour, il en fut protégé à l’épuration jacobine. Il étonna encore bien plus le 7 janvier, quand, un dantoniste proposant de ramener le Comité dans la dépendance de la Convention, Danton fit renvoyer cette proposition au Comité même. Il eut (26 février) une lueur d’indépendance et s’en effraya tellement que lui-même le lendemain il parla en sens inverse.

Danton, par Westermann, par Merlin (de Thion-