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ainsi de Merlin : « Fameux par la capitulation de Mayence et plus que soupçonné d’en avoir reçu le prix. » Du reste, pas la moindre preuve. Il renouvelait contre Dubois-Crancé le reproche, écarté cent fois, d’avoir trahi devant Lyon, d’avoir sauvé les Lyonnais, niant hardiment l’évidence, puisque Dubois cessa de commander le 6 octobre et qu’ils échappèrent le 8.

Le Comité, alarmé, tout en admirant ce rapport, le pria de n’en pas faire encore usage, de revoir cette belle pièce et de la porter à la perfection dont elle était susceptible.

Il était clair qu’à travers ce large abatis fait dans la Convention, il en viendrait aux Comités. Il prenait des gages contre eux. On lui avait apporté de Toulon une lettre très ambiguë où l’ennemi semblait instruit des secrets de l’État. Il s’était jeté sur cette pièce, la tenait comme une épée, suspendue sur le Comité de salut public. Ses regards menaçants disaient : « Quel est le traître parmi vous ? » Deux hommes (de gauche et de droite), Billaud et Hérault avaient tout à craindre.

Sa malveillance pour Lindet parut d’une manière indirecte, mais très significative, quand il fut accusé à la Convention pour sa mission de Normandie. Lindet avait fermé les yeux sur une erreur passagère, involontaire, d’une toute petite commune. Minime en apparence, l’affaire était grande en réalité. Cette première petite porte allait ouvrir une carrière infinie d’accusations, qui pouvait enve-