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rendit lui-même la chose peu admissible, en l’exagérant, en demandant qu’un tiers du Comité sortît chaque mois.

Il fallait un renouvellement moins rapide, mais enfin il en fallait un. Dans le besoin croissant d’unité qu’on éprouvait, si l’Assemblée ne s’harmonisait le Comité par des changements graduels et légaux, il allait arriver certainement que le Comité, en désaccord avec elle, tenterait de la mettre à son point, épurant, taillant, rognant, jusqu’à ce qu’elle le brisât, ce qui se fit en Thermidor, mais ce qui ne put s’accomplir qu’en tuant aussi la République.

Était-ce à dire que le Comité contenait et absorbait d’une manière si complète tout ce qu’il y avait de vie et de génie à la Convention, qu’il fût impossible d’en remplacer un seul membre ? Nullement. Plusieurs membres du Comité étaient des hommes secondaires, un ou deux très dangereux (je parle surtout de Barère). Ils auraient été, sans nul doute, très glorieusement remplacés par tels des Montagnards illustres qui ont écrit leurs noms aux Alpes, aux Pyrénées et au Rhin, par de grands citoyens, des hommes de principes, tels que Romme, par Cambon dont l’Assemblée venait d’accepter le Grand-Livre. L’exclusion d’un homme si considérable resta une cause de faiblesse pour le Comité de salut public.

L’utilité du renouvellement était si palpable que le Comité n’osait rien objecter contre. Un légiste vint à son aide ; Cambacérès, qui avait beaucoup à expier à l’égard de Robespierre depuis le 3 juin, parla pour le