fusillades firent tout. Les prisonniers des deux sexes passant devant les commissions militaires étaient précipitamment condamnés, exécutés, jetés dans les carrières de Gigand. Le métier de fusiller était exercé par des hommes ad hoc, des déserteurs allemands, qui, ne sachant pas le français, étaient sourds aux plaintes.
Ces commissions, sur qui tout retombait maintenant, se lassaient pourtant, s’inquiétaient de cette boucherie quotidienne. Elles voyaient que, peu à peu, chacun avait décliné la responsabilité, le tribunal révolutionnaire d’abord, qui déclarait ne vouloir condamner que sur pièces et procès-verbaux, puis le comité, qui désormais renvoyait tout aux commissions militaires. Celles-ci n’osaient s’arrêter : leur président seulement hasarda d’écrire à Couthon, qui en parla à Robespierre.
L’humanité commandait de faire quelque chose, et la politique aussi. L’occasion était bonne pour intervenir et se créer dans l’Ouest cette gratitude que Couthon s’était assurée dans le cœur des Lyonnais. Malheureusement Robespierre venait d’être obligé (le 23 décembre) de se rapprocher de Collot d’Herbois, il poursuivait les indulgents, Camille Desmoulins et Fabre, et, le 28 janvier, il proclama l’innocence de Ronsin, l’exécuteur des mitraillades de Lyon, l’ami de Carrier. Il semblait assez difficile que les robespierristes prissent à Nantes le rôle des indulgents, qu’ils accusaient à Paris.
Ce qui paraît avoir entraîné, malgré tout, Robes-