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voit ni portes ni fenêtres, rappellent ces quartiers de Rome que gagne la mal’aria[1].

Telle était l’épidémie que, d’un poste de vingt hommes qui monta la garde aux prisons, dix-huit moururent en quelques jours.

« Voulait-on que les Vendéens, de leur odeur, de leurs cadavres, continuassent la guerre meurtrière qu’ils ne faisaient plus de leurs armes ? Pour ménager la Vendée, voulait-on exterminer Nantes ? » C’est ce que dirent à Carrier ses nouveaux amis, un Lamberty, carrossier, un Fouquet, tonnelier, un jeune Robin, étudiant, un Lavaux, un Lallouet, ces trois derniers de vingt ans.

On avait tué pour le péril. On tua pour la salubrité.

La difficulté était les enfants. Qu’en devait-on faire ? Après Savenay, il en vint jusqu’à trois cents du même coup. La commission militaire écrivit à Prieur (de la Marne), qui répondit : « Demandez à la Convention. » Mais s’adresser à la Convention, sans passer par les comités, c’était chose hasardeuse. La commission militaire écrivit au Comité de sûreté générale, lequel ne répondit pas, voyant bien qu’il n’y avait qu’une réponse possible et craignant, s’il la faisait, de passer pour modéré.

  1. Un jeune médecin, plein d’esprit, me disait : « Nantes n’est qu’un gémissement. » Cela est vrai dans plusieurs sens. C’est la ville de France où il y a le plus de couvents et le plus de femmes entretenues. Nulle part le divorce dans le mariage n’est réellement plus profond ; mais tout en grande décence… On n’aime pas les plaisirs publics. Le théâtre même est négligé.