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mille hommes de la garde nationale ne venait en réalité que défendre la Convention… était-ce raisonnable ? était-ce possible ?… Mais, n’eussent-ils personne avec eux, ils croyaient le droit avec eux… Ils dirent, laissant la Force aux autres : « Restons, nous sommes la Loi. »

S’ils restaient, ils devaient rester par-devant la foule, se montrer, aller s’asseoir sur leurs bancs, pour vivre ou mourir. De là, ils seraient forts encore. Leur courage soutiendrait celui de la droite.

En présence de leur danger, sous leurs fermes et tristes regards, le centre aurait-il le courage de les abandonner et de les livrer ?… Beaucoup de chances étaient pour eux.

Telle était, toute la nuit, leur résolution, et c’était la bonne. Leurs amis de la droite vinrent les trouver le matin, les firent changer, les perdirent.

La nuit avait été terrible. Les lumières, le bruit des tambours, les proclamations de la Commune, le rappel au jour, tout avait dû affaiblir, énerver des esprits inquiets. Ils se réunirent rue des Moulins, dans un vaste hôtel désert, où logeait Meillan, le jeune député de la droite, esprit doux, mobile, qui aurait accepté la dictature de Danton et plus tard fut royaliste. Il fit les plus grands efforts pour retenir les Girondins. Parlait-il en son nom seul ? Il exprimait sans nul doute le sentiment de la droite, qui craignait extrêmement une scène sanglante sur ses propres bancs. La droite croyait d’ailleurs sincèrement que la présence irritante des Girondins leur