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insignes, demandaient : « Qui sont ces gens-là ? » et s’obstinaient à douter qu’ils fussent véritablement envoyés de la Commune. Le mensonge indigne au moyen duquel les hommes de l’Évêché avaient essayé de pousser au meurtre les gens du faubourg Saint-Antoine avait créé dans les esprits de légitimes défiances. Deux sections du faubourg se montrèrent, le 1er juin, très contraires aux violents. Celle des Quinze-Vingts accueillit en amis des députés de la Butte-des-Moulins qui venaient fraterniser. Celle de Montreuil fit dire à la Commune : « Qu’elle se fiait aux Jacobins » ; ce qui voulait dire poliment qu’elle ne se fiait pas aux autres, aux hommes de l’Évêché.

La section de Grenelle s’était prononcée de même, déclarant qu’elle ne suivrait que les Jacobins, l’insurrection modérée ou insurrection morale.

Visiblement le mouvement, au lieu de s’échauffer, se refroidissait. La population, armée à grand’peine au 31 mai, et au 1er juin encore, était décidément rentrée et ne pouvait plus sortir. La révolution se faisait au nom du peuple souverain. Mais, ce peuple, où était-il ? Il ne voulait pas se montrer. C’était l’insurrection du néant, du désert, contre le gré de la foule.

Plusieurs sections prévoyaient que personne ne répondrait au rappel et craignaient d’être suspectes. Aux Lombards, on imagina de décider que les absents seraient amenés par quatre fusiliers.

Tels furent les moyens violents par lesquels