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profonde, qui créait à la Gironde des ennemis sur tous les bancs de l’Assemblée, à la gauche, au centre, à la droite même. La Gironde, parti fort mêlé, et qui contenait des chrétiens (même intolérants), n’en avait pas moins dans son sein les représentants de toutes les écoles philosophiques du dix-huitième siècle ; tel procédait de Voltaire, tel autre de Diderot ; tous étaient ennemis des prêtres ? Or les prêtres étaient fort nombreux à la Convention ; il y avait à la Montagne tout un banc d’évêques, ceux de Blois, de Beauvais, d’Évreux, de Limoges, de Vannes. Le dernier, Audrein, avait été professeur de Robespierre.

Entre les prêtres conventionnels, les uns étaient croyants, comme Grégoire, d’autres incrédules, comme Sieyès. Mais, quel que fût leur peu de foi, ils ne trouvaient nullement bon qu’on se moquât du clergé et de leurs anciennes croyances.

La suppression du dimanche dans les administrations, quoique elle n’ait pas été provoquée par la Gironde, fut observée soigneusement dans les administrations girondines, dans celles du protestant Clavières, du philosophe Roland.

Quand Isnard, quand Jacob Dupont se disaient athées (ce qui, du reste, en ce siècle, ne signifiait qu’une violente haine des prêtres), la Gironde ne réclama pas. Quelques-uns dirent même : « Qu’importe ? vous êtes honnête homme… » Un cri partit de la Montagne ; l’évêque Audrein dit : « On n’y tient pas. » Et il sortit de la salle.