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la République, en relevant les royalistes, et dans le Midi, et dans Lyon, et dans Valenciennes assiégée, où, du haut de leurs maisons, ils appelaient par des signaux l’émigré et l’Autrichien.

L’affaire de Lyon eût dû surtout éclairer les Girondins et les décider à se retirer. Ils ne pouvaient guère s’obstiner à siéger dans la Convention, lorsque les Girondins (vrais ou faux) de Lyon faisaient la guerre aux commissaires de la Convention. Il en était à peu près de même à Marseille, où les Girondins chassèrent de la ville les représentants du peuple.

Ces embarras croissants avaient lassé la Convention, excédé sa patience. Elle était fort aliénée de la Gironde, avait hâte d’être quitte de ce parti compromettant. Il l’était de deux manières opposées et toutes contraires, d’un côté, parce que le royalisme se cachait derrière, et de l’autre, parce que la République légale réclamait par son organe. La Gironde, c’était la liberté de la presse, la liberté personnelle, toutes les choses inconciliables avec les terribles réalités d’une situation qui créait la dictature.

Beaucoup de tristes passions se mêlaient encore à ceci. La masse des députés qui ne parlaient point n’était nullement amie de ceux-là qui parlaient toujours, et avec de si grands effets. On a vu, au 31 mai, le bonheur qu’eurent ces muets à rendre inutile, ridicule, le mouvement de Vergniaud.

À ces malveillances explicables il s’en joignait une obscure et secrète, peu observée, mais réelle,