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veau à l’insurrection ; le paysan les suivait volontiers, il aimait surtout l’audace, la jeune figure héroïque de M. Henri (de La Rochejaquelein).

Toutefois, ces brillants cavaliers, n’ayant ni science ni génie, n’étant ni généraux ni organisateurs, révélèrent, dès le mois de mai, leur incapacité. Dans une première attaque sur Fontenay, ils ne purent, avec trente mille hommes, venir à bout du républicain Chalbos, qui n’en avait que trois mille. Fortifiés d’une nouvelle division vendéenne, conduits plus habilement par un homme de grand sens et de froid courage, le général-paysan, Cathelineau, ils défirent enfin Chalbos et prirent Fontenay. La supériorité de Cathelineau ayant éclaté ainsi, il prit le plus grand ascendant. Il était l’homme du clergé. Un conseil supérieur d’administration fut organisé dès lors, moitié prêtres et moitié nobles ; mais les prêtres eurent l’avantage.

Le Comité de salut public, en annonçant la nouvelle, l’atténua tant qu’il put, prétendit qu’une armée de soixante mille hommes allait cerner les Vendéens. Il savait parfaitement que cette armée n’existait pas.

L’état de ce Comité n’était pas loin du désespoir. Trois de ses membres étaient malades. Mais ce qui effrayait le plus, c’était l’état singulier où l’on voyait Danton pour la première fois. Si fier en 1792 devant l’invasion, la tête haute encore en mars, faisant montre d’insouciance, on le vit, aux journées de mai, sombre, inquiet, profondément troublé. Chose