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et désespérée, d’aller criant par les rues que la Butte-des-Moulins a pris la cocarde blanche, proclamé la contre-révolution. Tout le faubourg est en branle. À cinq heures, un torrent roule par la rue Saint-Antoine, par la Grève, par la rue Saint-Honoré.

Effroyable situation de l’Assemblée, de Paris ! Si l’Assemblée n’est pas étouffée du premier flot, n’est-elle pas en danger d’être abîmée du second ? Asservie par les Jacobins ? massacrée par les maratistes ? quel sera son sort, tout à l’heure ? S’il se fait, au cœur de Paris, une grande mêlée sanglante, les meneurs ne pourront-ils pas détourner ce peuple docile sur la Convention même ?

L’insurrection jacobine fit, la première, son apparition. Les Jacobins, qui avaient, par leur Comité de salut public, pris possession de la Commune, se présentent à l’Assemblée, se disent la Commune même ; Lhuillier portait la parole. Le discours, écrit avec soin, était une pièce littéraire, de rhétorique jacobine, sentimentale et violente. La virulente accusation commençait par une élégie : Était-il donc bien vrai qu’on eût formé le projet d’anéantir Paris ?… Quoi ! détruire tant de richesses, détruire les sciences et les arts ! le dépôt sacré des connaissances humaines ! etc. Pour sauver les sciences et les arts, il fallait mettre en accusation Vergniaud, Isnard, les Girondins, champions du royalisme et fauteurs de la Vendée.

Le cordonnier homme de loi, à l’appui de son