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du peuple, spécifie que, si les vingt-deux sont mis en accusation, les citoyens de Paris donneront autant d’otages.

Tous reprirent si bien courage que Barère devint lui-même téméraire et hasardeux. Il lança la proposition décisive que personne ne faisait et qui eût changé la face des choses : Que la Convention casse sa commission des Douze, mais qu’elle prenne pour elle-même la réquisition de la force armée.

Dirons-nous ici une chose que l’on voudra croire à peine, et qui montre combien l’esprit de dispute dominait le sens politique ? Les réclamations s’élevèrent, de quel côté ? De la droite, que la proposition sauvait !…

La droite tenait tellement à ce point de vanité de garder sa commission des Douze (brisée, détruite, impuissante) qu’elle repoussa en même temps la disposition de la force armée que Barère voulait placer aux mains de la Convention !

Pendant que la droite dispute contre elle-même, fait la difficile et la dédaigneuse, ne veut pas de la victoire, l’insurrection accouche ; deux noirs orages se forment enfin et vont fondre sur l’Assemblée.

L’insurrection morale des amis de Robespierre a dressé l’acte d’accusation de la Gironde, et va venir, avec une masse de sans-culottes armés, étouffer moralement les libertés de l’Assemblée.

L’insurrection maratiste travaille le faubourg Saint-Antoine, employant cette dernière arme, infâme