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faire justice au peuple… Si Paris n’a voulu donner qu’un grand signal, avertir les citoyens par une convocation, trop retentissante, il est vrai, il a encore cette fois bien mérité de la patrie… Si quelques hommes dangereux, de quelque parti qu’ils fussent, voulaient prolonger le mouvement quand il ne sera plus utile, Paris lui-même les fera rentrer dans le néant… »

« Mais au moins, disait la Gironde, avant de supprimer les Douze, vous devez entendre leur rapport… » Le rapporteur, Rabaut, était là à la tribune, prêt à lire, autorisé à lire par la Convention ; mais toujours les cris l’empêchaient. Des heures se passèrent ainsi : « Vous avez peur de m’entendre, disait-il à la Montagne. Vous nous accusez ; pourquoi ? Parce que vous savez trop bien que nous allons accuser. »

L’embarras de la Montagne, c’est que cette situation risquait de se prolonger indéfiniment. L’insurrection n’arrivait pas. La Commune, divisée, ne pouvait se résoudre à rien. Le jour s’écoulait. Tard, bien tard dans la matinée, arrive enfin une députation, qui se prétend envoyée par le conseil général : « On a découvert un complot ; les commissaires des quarante-huit sections en feront saisir les auteurs. Le conseil général envoie pour communiquer les mesures qu’il a prises à la Convention », etc. Ils parlaient à l’Assemblée comme à un pouvoir inférieur. Guadet dit intrépidement : « Ils vous parlent d’un complot… Qu’ils changent un mot seulement. Ils disent qu’ils l’ont découvert ; qu’ils disent qu’ils