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naient des ordres contraires, les premiers disant : « Tirez ! » — Les autres : « Ne tirez pas ! » La section du Pont-Neuf, où se trouvait le canon, ne voulait pas reconnaître les ordres du nouveau commandant, ni permettre de tirer. Elle résista jusqu’à une heure, et l’aurait fait davantage pour peu qu’elle eût été soutenue de la Convention.

La nouvelle autorité, peu d’accord avec elle-même, ne s’entendit que sur deux points. Ce fut d’exiger le serment de tous les fonctionnaires et de créer une force armée. Les patriotes armés auront quarante sols par jour. Que ferait-on de cette force ? C’est ce qu’on ne disait pas.

Du reste, les uns et les autres voyaient bien que rien ne pouvait se décider dans la Commune. Déjà ils agissaient ailleurs, les violents aux faubourgs, les modérés aux Jacobins.

Que faisait la Convention ? Rien. Et encore ? Rien.

Dès le matin, son ministre Garat, tout pâle et défait, lui avait expliqué le tocsin qu’elle entendait, avouant à la pauvre Assemblée que, pendant qu’elle avait dormi, le pouvoir changeait de mains. Pache vint dire la même chose, simplement, naturellement, nullement embarrassé, sous son froid visage suisse. L’instruction, tant niée par lui, il la déclarait réelle. Cela fait, il descendit, retourna à la Commune.

Garat et Pache avaient dit tous les deux la même chose : « Que la cause de l’insurrection était le rétablissement de la commission des Douze. »