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désordre était si grand qu’on ne s’aperçut pas qu’un de ceux qu’on appelait traîtres, Lanjuinais, était là intrépidement au milieu de ses ennemis.

L’insurrection toutefois ne fut pas votée sans opposition, et cette opposition vint d’où on ne l’attendait guère, des délégués du faubourg Saint-Antoine. Ceux de la section de Montreuil (section de jardiniers et de travailleurs fort simples) dirent qu’ils n’iraient pas plus avant, qu’il leur fallait d’autres pouvoirs. Ils n’eurent pas assez d’esprit pour se prêter à l’équivoque et ne voulurent jamais croire que, pour être indéfinis, leurs pouvoirs fussent illimités.

Même résistance de la part des délégués de Popincourt, autre section du faubourg ; ils ne voulaient rien faire sans avoir de nouveaux pouvoirs. Notez que cette section, présidée par Herman, d’Arras (du tribunal révolutionnaire), intime ami de Robespierre, devait être entièrement dans la main des Jacobins.

Dans le faubourg Saint-Marceau, la section du Finistère ou des Gobelins se montra encore plus contraire à la violence, fidèle à la Convention[1].

Pendant que l’insurrection brutale, celle de l’Évêché, s’organisait péniblement, l’insurrection morale, celle des Jacobins, avait procédé avec plus de lenteur encore.

Le principal meneur, Lhuillier, procureur-syndic,

  1. Nous avons perdu ses procès-verbaux, mais nous en sommes assurés par ceux de la Commune, où le Finistère vient décliner toute part dans le mouvement.