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derrière lui une branche de chêne. L’assemblée, enthousiaste, la lui fit poser à côté du buste de Lepelletier. L’émotion emporte tout ; on nomme les commissaires, et le premier est Varlet, avec pouvoir illimité.

La plupart des autres sections (si j’en crois leurs procès-verbaux) montraient moins d’entraînement. L’Évêché comprit que seul il n’était pas assez fort. Les meilleures têtes disaient qu’on ne pouvait pas ainsi agir à part des Jacobins. On résolut de les payer au moins de paroles. On fit semblant de revenir à leur insurrection morale. On arbora même, le 30, à la salle de l’Évêché, un drapeau tout jacobin, qui portait cette devise : « L’instruction et les bonnes mœurs rendent les hommes égaux. »

Sur cette assurance, Lhuillier, mandé le 30 avec Pache au Comité de salut public, assura « qu’il n’y avait rien à craindre, qu’il s’agissait seulement d’une insurrection morale ».

Cependant l’Évêché contenait des hommes trop pétulants pour pouvoir jusqu’au bout mystifier les Jacobins. Varlet ne se contenait point : « Nous avons, disaient-ils, des pouvoirs illimités ; nous sommes le Souverain. Nous cassons l’autorité, nous la refaisons et nous lui donnons la souveraineté. Elle brise la Convention ; quoi de plus légal ?… » Tout cela fort applaudi. Un magistrat de la Commune, Hébert, qui était présent, approuva lui-même. La tumultueuse assemblée arrêta que Paris se mettait en insurrection pour l’arrestation des traîtres. Le