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Quelle est cette haute puissance qui change la nature des choses, décide que le blanc est noir, que le prêtre est républicain ?

Sévérité infinie dans le triage des amis ! Et, d’autre part, facilité, indulgence pour l’ennemi ! N’est-ce pas là l’arbitraire complet et le vague du vieux système de la Grâce, du dogme contre lequel précisément s’était faite la Révolution ?

Chaumette avait dit le lendemain du grand discours où Robespierre releva l’espérance des prêtres : « Si vous n’y prenez garde, ils vont faire des miracles. »

Ils les gardèrent pour la Vendée[1]. À Paris, on en fît pour eux. Le Comité de salut public fit cette chose miraculeuse de rétablir la censure en pleine Révolution, d’interdire, sur les théâtres, non seulement l’imitation des cérémonies catholiques, mais les costumes sacerdotaux. Une foule de pièces toutes faites, dans l’attente que donnait le décret du 16 novembre, furent défendues et ne purent paraître. La censure s’étendit aux journaux, et l’évêque de Blois obtint qu’on supprimât une feuille intitulée la Confession.

  1. Dans la Vendée, ils abondent. Les guillotinés ressuscitent ; des hommes montrent à leur cou la cicatrice rouge de la guillotine.

    Le diable, sous forme de chat noir, s’est montré au fond du tabernacle, où un prêtre assermenté allait prendre l’hostie. — Pourquoi les républicains, à l’une de leurs victoires, connurent-ils si bien d’avance l’ordre de l’armée vendéenne ? C’est qu’un curé constitutionnel a pris la forme d’un lièvre pour approcher de plus près : on l’a vu entre deux sillons ; on tire en vain sur le diabolique animal plus de cinq cents coups de fusil. (Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher.) — Heureusement les Vendéens ont à leur tête un magicien, non du diable, mais de Dieu, le dévot sorcier Stofflet.