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dictature, la Montagne appellerait à elle les nuances les plus opposées, ce qui eut lieu en Thermidor.

La carrière de l’épuration où se lançait Robespierre devait le mener très loin.

Le 10, Anacliarsis Olootz est indigne d’être jacobin. Le 12, Camille Desmoulins en est trouvé digne à grand’peine. Le 16, on en exclut les nobles, des nobles comme Antonelle, chef du jury contre la reine et contre les Girondins. Mais on n’exclut point les prêtres.

Robespierre, qui, deux jours avant, dans une adresse à l’Europe « contre le philosophisme », excusait la Révolution : Nous ne sommes pas des impies, etc., il ne le dit pas seulement ; le 16, il le prouve, en empêchant que les prêtres soient rayés de la société.

Et pourtant, combien les nobles généralement formaient moins un corps ! combien ils étaient moins serrés, moins habiles à combiner, à calculer d’ensemble leurs efforts et leurs intrigues ! Les prêtres, ce corps redoutable, gardien fatal, immuable de toute la tradition contre-révolutionnaire, pour un serment (dont ils sont, par leurs règles, déliés d’avance), les voilà bons républicains, jugés et acceptés tels.

Acceptés au saint des saints. La société épuratrice, qui, dans la Révolution, est comme le Jugement dernier, envoyant les uns au pouvoir, les autres à la mort ! elle se mêle avec les prêtres… Étrange accouplement des plus hostiles esprits !