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Le jour où la liberté catholique fut décrétée à la Convention, Hébert comprit que Chaumette était fini, et, le 7, il le fit renier aux Cordeliers, proclamant qu’il était étranger aux tentatives de Chaumette contre les comités révolutionnaires. Le 11, il fit lui-même en personne aux Jacobins la palinodie la plus éclatante, assurant qu’il avait toujours conseillé la lecture de l’Évangile « aux habitants des campagnes », qu’après tout c’était un bon livre, « et qu’il suffisait d’en suivre les maximes pour être un parfait Jacobin ».

Chaumette, trahi par Hébert, justement puni d’avoir subi une telle amitié, courut aux Cordeliers. s’excusa, dit que « s’il avait désiré que les comités donnassent leurs motifs aux gens arrêtés, c’était uniquement pour empêcher les vengeances personnelles ; qu’au reste, il n’avait rien fait que de concert avec Anacharsis Clootz ». Il se raccrochait à l’apôtre, au prophète des Cordeliers, à l’homme que les Jacobins avaient fait leur président. Et il n’y avait plus ni apôtre, ni prophète, ni président. Ce même soir du 12 décembre, pendant que Chaumette attestait le nom de Clootz aux Cordeliers, Clootz périssait aux Jacobins, conspué, avili, détruit par une furieuse attaque de Robespierre, qui le chassa de la société.

Pour expliquer cette versatilité prodigieuse des Jacobins, il faut savoir que Clootz, miné par le reniement d’Hébert, par la chute de Chaumette, avait été le 11 percé, transpercé d’un pamphlet de Desmoulins. Portant en lui l’aiguillon de la