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mutilation où le procès-verbal nous est parvenu.

Ce qui est sûr, c’est que la Montagne restée seule continua la séance. Hérault de Séchelles prit le fauteuil. Il reçut deux députations ; l’une au nom de vingt-huit sections, l’autre au nom du peuple, qui venaient demander la liberté d’Hébert, Marino, Dobsent, la suppression des Douze et le procès de Roland.

Hérault, avocat général du Parlement, était un bel homme, noble et riche, un philanthrope connu, qui avait fait son chemin par la faveur de la reine et de Mme de Polignac, dont il était un peu parent. Il avait à expier ; plus qu’un autre, il était forcé d’aller loin dans la violence. Homme de plaisir, il était ami de Danton. La Montagne mettait volontiers en avant cette belle tête creuse et vide, qui posait et trouvait des phrases. La phrase fut celle-ci, pour la première députation : « La force de la raison et la force du peuple sont la même chose. » — Et à la seconde : « Quand les droits de l’homme sont violés, il faut dire : La réparation ou la mort. »

Tonnerre d’applaudissements. Il était minuit ; une centaine de députés au plus restaient dans la salle. Les pétitionnaires s’étaient sans façon emparés des places vides et siégeaient comme en famille avec la Convention. Cette bizarre Assemblée décréta que les prisonniers étaient élargis, que les Douze étaient cassés, et que le comité de sûreté aurait à examiner leur conduite.

Le tumulte était si grand qu’un député placé à