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riches payaient des pensions énormes. Au fond, ils achetaient la vie : le comité protégeait ses précieux pensionnaires ; cette maison fut entamée la dernière, en Thermidor.

Si ces petits comités furent ainsi maîtres à Paris, sous les yeux du pouvoir, combien plus partout ailleurs ! Ils eurent à discrétion les fortunes et les personnes.

De sorte qu’en détruisant le fédéralisme départemental, on conserva tout entier le fédéralisme communal, et la tyrannie locale, si pesante et si tracassière que la France en est redevenue monarchique pour soixante années.

La loi d’unité gouvernementale au profit des deux comités se vota pendant dix jours, du 18 au 29. Personne n’osa dire non.

Mais revenons sur nos pas et suivons Paris.

De grands rassemblements de femmes se faisaient à Saint-Eustache, sous la protection des dames de la Halle, maîtresses de cette église et très bonnes royalistes ; mais elles ne Tétaient pas plus que les filles, contrariées par la Commune, qui frappait d’amende ceux qui les logeaient. Le Palais-Royal s’était fait dévot. Le royaliste Beugnot nous a conservé l’histoire d’Églé et autres, qui se firent guillotiner pour le trône et l’autel. On vit, vers le 15 novembre, une longue file de ces Madeleines, le rosaire en mains, s’acheminer vers Saint-Eustache. Le but était d’expier la profanation de Notre-Dame, où, disait-on, on avait eu l’infamie d’exposer une femme nue sur l'autel.