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clubs et la guillotine : « Voulez-vous nous renouveler ? »

Comment se fait-il que les membres des deux comités, qui vraiment étaient patriotes, aient présenté ce piège à la Convention ?

Parce que leur vanité leur dit : « Nous sommes les seuls, — les seuls purs, les bons citoyens… La Patrie périrait sans nous. »

Qu’ils soient absous pour cette erreur. Nous allons montrer toutefois, d’après les actes authentiques, qu’ils se trompaient absolument. Sans méconnaître l’éminent mérite de ces excellents citoyens qui se chargèrent de régner, il faut dire que l’originalité spéculative des hautes et grandes idées qui dominaient la situation sociale et religieuse leur manqua entièrement, — et que, d’autre part, les deux grands actes pratiques qui tranchèrent les questions de salut (le Rhin, la Vendée) réussirent précisément parce qu’on ne suivit aucune des idées du Comité de salut public. Sa singulière indifférence à la question polonaise, en 1794, témoigne aussi contre lui.

Le Comité de sûreté générale (ses registres le montrent assez) ne fit aucune des choses qu’il ôta à la Commune. Il ne centralisa point l’action de la police révolutionnaire. Il n’osa exercer sur les petits comités la surveillance qu’il interdisait à Chaumette.

Sa faiblesse ou sa négligence alla à ce point qu’il laissa un des comités, celui de la Croix-Rouge ou du faubourg Saint-Germain, faire la spéculation lucrative d’avoir une prison à lui, où les gens très