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Le 16, Chabot, pressé, poussé, étranglé aux Jacobins… se sauva chez Robespierre, qui, comprenant à merveille le parti qu’il en tirerait, ne le reçut pas trop mal, le conseilla paternement, lui dit qu’il fallait dire ceci, ajourner cela, qu’au total il n’y avait qu’une chose à faire, c’était d’aller au-devant, de se constituer prisonnier au Comité de sûreté générale, comme complice d’un complot « où il n’était entré que pour le révéler ».

La confession de Chabot, semblable à celle de Scapin, en fit savoir encore plus qu’on n’imaginait. Il fit découvrir lui-même cent mille francs qu’il avait reçus pour corrompre Fabre d’Eglantine, mais dont il n’avait pu jusque-là se séparer, et que provisoirement il tenait suspendus dans ses lieux d’aisances.

Le plus étrange, c’est que le pauvre Bazire, étranger à ces vilenies, se mit en prison avec le voleur. Bazire n’était plus à lui. On avait lu le matin à la Convention le procès d’Osselin et de la jeune femme qu’il avait cachée. Chacun regardait Bazire. Lui-même se reconnaissait. Lui aussi, il avait essayé de sauver des femmes, entre autres une princesse polonaise qui n’avait nulle pièce contre elle et qui n’en périt pas moins. Bazire, se croyant perdu, le fut en effet. Avec l’aveugle vertige du mouton qui par peur se jette à la boucherie, lui-même il alla se livrer.

La terreur gagnait la Montagne. Chabot, il est vrai, était un fripon. Bazire n’était pas sans reproche. Mais