Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/517

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour se les attacher, lançait contre la Convention toutes les fureurs des Jacobins. On pouvait prévoir aisément que l’Assemblée, qui avait essayé quelques pas hardis à la suite de la Commune, effrayée par les hébertistes, se réfugierait sous l’aile de Robespierre, qui étoufferait le mouvement à la grande satisfaction de tous les amis du passé.

Hébert, sans s’en apercevoir, agit au profit des robespierristes, et le plus souvent sous leur influence. Ils s’en servirent comme d’un épouvantail pour pousser à eux le troupeau.

Les objets habituels des morsures du Père Duchesne étaient les faiblesses de Bazire, les belles solliciteuses, la corruption de Chabot, les méfaits, vrais ou supposés, de l’ancien Comité de sûreté, généralement dantoniste. Le nouveau, très robespierriste alors, surveillé, mené, poussé par David (l’homme de Robespierre), guettait cet ancien comité et voulait le perdre, croyant avec raison que Danton serait mortellement atteint par ce procès dantoniste. Chabot venait de se marier avec la sœur d’un banquier autrichien, fort suspect, et d’autre part on savait qu’il tripotait avec des banquiers royalistes, amis des représentants de Delaunay et Julien (de Toulouse). David, pour être mieux instruit, se fit l’amant de la maîtresse de Delaunay, et quand par elle il eut de quoi perdre Chabot, il le livra préalablement aux attaques du Père Duchesne. Chabot eut peur, fit inviter celui-ci à dîner par sa jeune femme. Hébert n’en tint compte, le poussa