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meurt dans le dogme monarchique du monde sauvé par un seul, dans la foi contre-révolutionnaire de l’hérédité du crime (ou péché originel). Il meurt « enfant soumis du pape », finit comme a fini Bossuet. C’est l’invariable histoire de cette Église, ridicule et respectable, un grand esprit de résistance, de l’éloquence et des menaces ; — tout cela, en conclusion, pour se faire fouetter à Rome.

Du reste, la Convention ne persécuta nullement le clergé soumis aux lois. Elle laissa Grégoire siéger, tant qu’il voulut, en habit violet. Elle maintint les pensions ecclésiastiques et nourrit ces gallicans, qui travaillèrent la plupart à la destruction de la République.

Ce qui est remarquable, c’est que ce décret de Cambon, qui enlevait au clergé les églises et les presbytères, fut voté sans réclamation, ni des gallicans, ni des robespierristes, leurs patrons, et l’on put croire qu’il avait pour lui l’unanimité de l’Assemblée.

Ce même jour, 16 novembre, la Convention expia le dernier sacrifice humain. Les enfants de Calas étaient à la barre ; ils furent accueillis avec effusion ; on décréta une colonne pour la place de Toulouse où Calas subit son martyre. Voltaire, enfin satisfait, reposa dans son tombeau.

Le principe terrible du Moyen-Âge (l’hérédité du crime ou péché originel), frappé déjà par la Constituante, fut décidément rayé par la Convention, et d’une manière sublime. Elle adopta, comme