Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/508

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

juger solennellement et donner au jugement une telle publicité qu’il n’y eut pas un paysan en France, dans les lieux les plus écartés, qui n’en eût pleine connaissance.

À ces justes jugements des monstres vivants, la Révolution pouvait mettre en confrontation le jugement des morts. Que servait de souiller l’air des cendres de Charles IX ? Il fallait amener à comparaître le roi de la Saint-Barthélémy, en face de ses élèves, les modernes brûleurs d’hommes.

Revenons au discours de Bazire à la Convention.

Elle allait décidément tomber au rôle de machine à décrets, si, à la moindre parole libre, ses membres les plus illustres, dénoncés par un Jacobin quelconque (Brichet, Brochet, Blanche t ou autre), s’en allaient, obtorto collo, droit au tribunal révolutionnaire devant des rapins étourdis, sans pouvoir dire seulement un mot d’explication à la Convention.

Il fallait savoir, oui ou non, si l’on voulait une Assemblée.

Dans celle-ci, qui fut si cruellement épurée et mutilée, combien y avait-il d’hommes coupables ? Cinq ou six fripons, pas un traître, à cette époque du moins. Le peu qu’il y avait de coupables n’étaient nullement de ceux qui pouvaient perdre la République. Il eût encore mieux valu les laisser impunis que de terroriser, comme on fit, l’Assemblée jusqu’au suicide.

Ce mutisme, qu’on recommande parfois dans une