Jacobins eux-mêmes n’étaient guère nombreux à cette époque. Lorsque Coulhon leur demanda quarante Jacobins pour l’aider à Lyon, ils refusèrent ce grand nombre, de crainte de se dépeupler eux-mêmes. Même les fonctions salariées, et les plus brillantes, n’étaient acceptées que par force. Kléber dit qu’une nomination de général s’appelait un brevet d’échafaud. Il fallut un ordre exprès et menaçant du Comité pour forcer Jourdan de se laisser faire général en chef.
Où était le mal de la situation ? Dans l’anéantissement de la justice.
Le vrai jury d’accusation, c’étaient les Jacobins. Cette société, si utile politiquement, n’avait nullement la fixité, la suite qu’aurait demandées ce rôle judiciaire. Le dossier des Girondins, enlevé par elle, fut quelque temps égaré. Sa mobilité était excessive. En novembre, elle prit Clootz pour son président, et, sans cause, elle le raya outrageusement en décembre.
Le tribunal révolutionnaire n’était pas organisé. Sauf Antonelle, Herman, Payan, il ne comptait que des hommes illettrés, ou des adolescents, dont plusieurs étaient de la réquisition et jugeaient pour ne pas combattre. Un garçon léger, étourdi, comme Vilatte, dont on a les Mémoires, de jeunes peintres (très nombreux à ce tribunal) ne présentaient nullement le haut jury, imposant et grave, qui pouvait juger sérieusement les crimes de trahison, juger des représentants, juger Danton ou Robespierre !