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réfugiée au Comité de sûreté générale, chez Osselin, qui en était membre. L’aimait-il ou fut-il saisi, comme il arrivait parfois aux plus fermes, d’un violent accès de pitié ? On ne sait. Elle fut découverte à Paris. Il la sauva, la cacha chez son oncle, vicaire d’un village dans les bois de Versailles. Osselin, plein de son péril, pour éloigner les soupçons, devint à la Convention un implacable terroriste. En septembre, il ne veut pas qu’on entende Perrin accusé. En octobre, il fait porter le décret cruel qui décapita la Gironde. En novembre, il fait arrêter Soulès, ami de Chalier, administrateur de police, pour avoir à la légère élargi des suspects. — Et le même jour, 9 novembre, le Comité de sûreté vient à la Convention, arrache à Osselin son masque ; ce terrible puritain a caché Mme Charry.

La Convention tout entière baissa les yeux, frémit. Bien d’autres se sentaient coupables.

L’événement eut sur-le-champ son contre-coup à la Commune. A l’occasion d’une demande de la section d’Henriot pour qu’on poursuivît les électeurs girondins qui avaient jadis voté pour avoir un autre commandant qu’Henriot, Chaumette laissa échapper son cœur. Il s’éleva avec une franchise fort inattendue contre ce système universel de dénonciations : « Ceux qui dénoncent, dit-il, ne veulent le plus souvent que détourner les regards d’eux-mêmes, reporter le danger sur d’autres. On arrête le dénoncé, il faudrait arrêter pareillement le faux dénonciateur. »