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la nouvelle « que Rouen allait en masse au secours de la Vendée ». Le contraire était exact ; les comités savaient parfaitement que les Normands étaient en marche contre la Vendée. L’invention parut si misérable que l’Assemblée rassurée demanda d’un cri quel était le signataire d’une telle lettre. Amar avoua qu’elle était anonyme. « Quoi ! dit Bazire, notre liberté dépend d’une lettre anonyme ! Si cela suffit pour arrêter un représentant, la contre-révolution est faite ! » Amar descendit de la tribune et alla se cacher.

On avait gardé pour le dernier acte Grégoire, l’évêque de Blois. Il vint enfin fort à point pour les comités, malade de cette chute. Absent jusqu’à ce dernier moment de la séance, il vint à leur prière, je n’en fais nul doute. Leur politique, tristement démasquée par la tentative cl’Amar pour terroriser l’Assemblée, avait grand besoin de secours. On lança le gallican. Grégoire, courageux de lui-même, sanguin, colérique, fort d’ailleurs de se sentir défenseur du Gouvernement, fut vaillant à bon marché contre la Montagne :

« Je ne tiens mon autorité ni de vous ni du peuple. Je suis évêque, je reste évêque. » La Montagne poussa des cris furieux. Mais, dès lors, les gallicans pouvaient la braver, réfugiés qu’ils étaient sous l’abri des comités et de Robespierre.

L’irritation était extrême contre l’acte inqualifiable des comités. Elle passa même aux Jacobins. On y attaqua le faiseur de Robespierre, un Laveaux,