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alléguer les membres de cette Assemblée qui avaient eu le malheur de voir cette tragédie du 31 mai, d’en boire le honteux calice… Ils virent tout, surent tout, souffrirent tout, gardant jusqu’au jour du salut le déplorable secret qu’il leur fallait ensevelir. C’est le mot même de Cambon, lorsqu’en 1797 il rendit témoignage à la mémoire des infortunés Girondins.

Il est révélé ce secret. Il l’est complètement ici, pour la première fois, il est mis en pleine lumière, d’après les actes authentiques. Nous qui venons enfin, après soixante ans, le tirer du fond de la terre, nous n’en justifions pas moins l’illustre et malheureuse Assemblée. Il lui fallut laisser périr ou la Gironde ou la France. La Gironde même avait choisi. La Convention ne fit qu’accomplir ce qu’avait conseillé Vergniaud : « N’hésitez pas entre quelques hommes et la chose publique… Jetez-nous dans le gouffre et sauvez la Patrie ! »

Le mouvement, annoncé le 26, eut lieu le 27. Dans plusieurs sections, on compléta les compagnies de canonniers. On empêcha les volontaires de partir pour la Vendée. La section des Gravilliers se déclara en insurrection. Le faubourg Montmartre, en masse, partit avec plusieurs autres sections, le matin du 27, pour présenter à l’Assemblée une pétition menaçante, au bout d’une pique.

De quels moyens de défense disposait la Convention ? la réquisition de la force armée appartenait au maire, à la Commune, puissance incertaine et flottante, que l’insurrection dominait.