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publiques. Gobel avec son clergé, amené par la Commune, parla avec convenance, n’abjura aucune doctrine et remit ses fonctions. Il fut imité de plusieurs prêtres et évêques de la Convention, spécialement du frère de Lindet, qui parla avec beaucoup de noblesse et de gravité : « Ce n’est pas tout de détruire, dit-il, il faut remplacer… Prévenez le murmure que feraient naître dans les campagnes l’ennui de la solitude, l’uniformité du travail, la cessation des assemblées. Je demande un prompt rapport sur les fêtes nationales. »

Chaumette pria l’Assemblée de donner dans le calendrier une place à la fête de la Raison.

Ce fut au nom de la Raison que deux représentants du peuple, l’un évêque catholique, l’autre ministre protestant, se réunirent à la tribune, donnèrent leur démission ensemble en se donnant la main. Ils n’abjurèrent point (quoi qu’en dise le Journal de la Montagne, rédigé alors par un homme de Robespierre).

À ce moment, qui n’était pas sans grandeur, dans l’émotion de l’Assemblée, Amar, de la douce voix qui lui était ordinaire, prend la parole, au nom du Comité de sûreté générale ; il demande que les portes de la salle soient fermées. Nul n’objecte. Décrété. Tous les cœurs se contractèrent. On savait, depuis le 3 octobre, ce que devait amener ce préalable sinistre ; il fallait des victimes humaines. Amar lit alors une lettre adressée de Rouen à un membre peu connu de l’Assemblée ; on lui donnait