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dans le prieure Saint-Martin ; de là il secondait Chaumette. Le premier point de leur prédication, très bien reçu, fut : qu’il ne fallait plus payer le clergé, principe adopté bientôt par toutes les sections, qui en portèrent le vœu à la Convention.

Le second point, fort populaire, fut un bel arrêté (28 octobre) sur l’égalité des sépultures. Le pauvre, comme le riche, doit être enterré avec un cortège décent, non sous un méchant drap noir, mais dans un drapeau tricolore, le drapeau de la section. La ville de Paris a gardé quelque chose de cette loi de l’égalité. L’indigent, le mendiant va à sa dernière demeure dans un char à deux chevaux, avec quatre appariteurs, précédé d’un commissaire des pompes funèbres.

C’est aussi sur le drapeau de la section que la Commune devait recevoir les enfants, qu’on lui apportait pour les rebaptiser de noms révolutionnaires.

Ainsi nos saintes couleurs, le drapeau sacré de la régénération humaine recevait l’homme à la naissance et le recueillait à la mort. Pour consolation de la destinée, il trouvait ce bon accueil à son dernier jour ; il s’en allait vêtu de la France, sa mère, enveloppé de la Patrie.

Le peuple reconnaissant éprouvait le besoin d’être béni de la Commune. Des ouvriers vainqueurs de la Bastille voulaient être remariés, ne croyant pas, disaient-ils, qu’aucun mariage fût légitime sinon de la main de Chaumette.