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œuvre, qui constituent pourtant notre raison même, sont-elles nôtres, sont-elles de Dieu ?

Les grands esprits qui donnèrent cette impulsion, en employant les formes du temps, flottèrent d’un sens à l’autre et firent peu de distinction. Nul doute que la Raison ne soit le côté le plus haut de Dieu. Nul doute qu’elle ne soit nulle part plus clairement révélée que dans son incarnation permanente, l’Humanité. Lorsque le pauvre Clootz s’attendrissait au mot : « Notre-Seigneur Genre humain », lorsqu’il déplorait les misères de ce malheureux roi du monde, Dieu, pour lui apparaître ainsi voilé, n’en fut pas moins en lui.

Le philosophe Clootz, le mathématicien Romme, n’auraient rien fait si leurs idées n’avaient gagné un homme d’activité pratique, l’ingénieux et infatigable tribun de la Commune, Anaxagore Chaumette.

Le 26 septembre, Chaumette demanda à la Commune qu’on bâtît un hospice, sous le nom de Temple de l’Humanité… Il revenait de son pays, la Nièvre, où il avait conduit sa mère malade. Fouché y avait hardiment aboli le catholicisme. Fouché, de Nantes, témoin des premiers massacres de la Vendée, les vengeait dans la Nièvre, secondait violemment le mouvement populaire contre le clergé. Chaumette raconte ainsi la chose à la Commune : « Le peuple a dit aux prêtres : Vous nous promettez des miracles. Nous, nous allons en faire… Et il a institué les fêtes de la vieillesse et du