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il meurt avec Danton en germinal, sa mort, trop cruellement vengée en thermidor, n’empêche pas qu’il ne vivra toujours pour avoir seul entendu la nature et trouvé le chant de l’année.

La portée de ces changements était immense. Ils ne contenaient pas moins qu’un changement de religion.

L’almanach est chose plus grave que ne croient les esprits futiles. La lutte des deux calendriers, le républicain et le catholique, c’était celle du passé, de la tradition, contre ce présent éternel du calcul et de la nature.

Rien n’irrita davantage les hommes du passé. Un jour, avec colère, l’évêque Grégoire disait à Romme : « À quoi sert ce calendrier ? » Il répliqua froidement : « À supprimer le dimanche. » Grégoire assure que tous les gallicans eussent souffert le martyre pour ne pas transporter le dimanche au décadi. Mirabeau, qui se mêlait parfois de prophétiser, avait dit : « Vous n’aboutirez à rien si vous ne déchristianisez la Révolution. »

Le siècle de l’analyse, le dix-huitième siècle, gravitait invinciblement au culte de la raison pure. La Convention, le 3 octobre, décrète la translation de Descartes au Panthéon. L’initiateur du grand doute qui commença la foi nouvelle repose avec Rousseau, Voltaire, le père à côté de ses fils.

L’œil sévère, le regard brûlant de la pensée moderne envisage cette immense agrégation de dogmes que les siècles entassèrent. Et dessous, que