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enfin ouvre un livre à l’histoire… » Jusque-là elle ne pouvait pas même dater dans la vérité.

Il ne serait pas facile, en travaillant bien, de rien trouver de plus absurde que notre calendrier. Les nations antiques commençaient l’année à une époque ou astronomique ou historique, à telle saison, à tel événement national. Notre 1er janvier n’est ni l’un ni l’autre. Les noms des mois n’ont aucun sens, ou un sens faux, comme octobre pour dire le dixième mois. Les noms des jours de la semaine ne rappellent que les sottises de l’astrologie. Pour la longueur de l’année, l’erreur julienne, corrigée par l’erreur grégorienne, n’offrait encore qu’un à peu près qui devait de plus en plus devenir sensible. Le ciel, pour la première fois, fut sérieusement interrogé.

L’ère fut historique et astronomique à la fois.

Historique. Non plus l’ère chrétienne, rappelée par la fête variable de Pâques, mais l’ère française, fixée à un jour précis, à un événement daté et certain : la fondation de la République française, premier fondement jeté de la république du monde.

Traduisons ces mots : l'ère de justice, de vérité, de raison.

Et encore : l’époque sacrée où l’homme devint majeur, l'ère de la majorité humaine.

Les successeurs d’Alexandre, suivant la tradition de l’Egypte, et suivis eux-mêmes de tout l’Orient, avaient fait commencer l’année à l’équinoxe d’automne. En prenant cette ère, la République ouvrait