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la branche cadette, avec la Vendée pour la branche aînée !…

Les autres accusations n’étaient pas moins insensées, absurdes. Que dire de celles de Marat ? « C’est Pétion, Brissot, Gorsas, qu’il faut accuser des massacres de septembre. »

Et du mensonge d’Hébert : « Les Girondins prennent la nuit tout le pain chez les boulangers. »

Autre de Marat : « Le scélérat Brissot a mis tout exprès des prêtres auprès de Louis pour le fanatiser, le faire passer pour saint et martyr. »

« C’est Roland et les Girondins qui ont volé le Garde-Meuble. Brissot a placé sa part sur les fonds étrangers. L’hypocrite rit maintenant, il loge dans le palais des rois. »

Effectivement Brissot s’était fait donner un grenier du château désert de Saint-Cloud. Il possédait trois chemises ; sa femme les blanchissait et les étendait tour à tour aux fenêtres du palais des rois.

Les Girondins avaient demandé que l’on constatât la fortune de tous les représentants. L’Assemblée ne le permit pas. Tous étaient désintéressés et tous s’indignèrent d’une telle inquisition.

Dans leur dernière et funèbre nuit du 30 octobre 1793, ce qui troublait le plus les Girondins condamnés, ce n’était pas la mort qu’ils devaient subir le lendemain, mais la profonde misère où ils laissaient leurs familles. Les femmes de Brissot, Pétion, Gensonné, seraient mortes de faim avec leurs enfants, sans les aumônes de quelques amis.