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plantât en légumes les jardins publics et autres domaines nationaux. La première proposition de ce genre fut faite à Nantes par un Girondin. Un M. Laënnec fît observer que, par suite de l’émigration, des jardins, des parcs immenses étaient sans culture, qu’on devrait les cultiver en plantes alimentaires. Cette observation judicieuse, dans la disette de Nantes (mai 1793) fut reproduite par Chaumette dans la disette de Paris (septembre). En ce qui touche nos promenades, elle semblait exagérée, mais elle était fort habile et propre à calmer le peuple, très ému en ce moment.

Je ne ferai pas à mes lecteurs l’injure d’analyser les choses admirables qu’ils viennent de lire ; qu’ils les relisent, les méditent et tâchent d’en profiter, qu’ils agrandissent leurs cœurs dans la contemplation du grand cœur de 1793, dans l’admiration du pouvoir le plus populaire qui sans doute ait été jamais.

Qu’on me permette de m’arrêter sur une seule chose, toute simple et, malgré sa simplicité, vraiment ingénieuse et profonde.

C’est l’arrêté du 2 nivôse : envoyer les imprimés intéressants spécialement aux hospices, c’est-à-dire les envoyer à ceux qui ont le plus de temps pour les lire, les envoyer aux pauvres désoccupés qui se meurent d’ennui, les envoyer au malade, à l’infirme, à celui qui gît oublié, souvent délaissé de sa famille, lui dire : « Si tes parents t’oublient, ta parente, ta mère, la bonne Commune