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sève nouvelle. Cette sève, qui pouvait la donner ? L’apparition d’une idée dominante et souveraine qui, ravissant les esprits, soulevant l’homme du pesant limon, se créant à soi un peuple, s’armant du monde nouveau qu’elle aurait créé, neutraliserait d’en haut l’effort mourant de l’ancien monde.

Les rapports de l’homme à Dieu et de l’homme à la nature, la religion, la propriété, devaient se constituer sur un dogme neuf et fort, ou la Révolution devait s’attendre à périr.


Les Girondins ne firent rien, ne soupçonnèrent même pas qu’il y eût à faire.

Les Jacobins ne firent rien que juger, épurer, cribler. Ils se montrèrent infiniment peu capables de création.

Les Cordeliers essayèrent. Seulement, comme ils étaient en insurrection permanente, spécialement contre eux-mêmes, ce qu’ils essayaient était nul d’avance. Le seul parti qui, par moments, semble avoir rêvé les moyens de féconder la Révolution, c’est celui qui, — anarchie vivante, — était infécond.

Comme foyer d’anarchie, les Cordeliers continrent tout élément, ce que la Révolution eut de meilleur, ce qu’elle eut de pire.

Le mélange fit horreur, et les Jacobins brisèrent tout.

Les contrastes adoucis, fondus plus habilement dans la société jacobine (véritable société), apparurent