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Girondins et Jacobins, ils furent également des logiciens politiques, plus ou moins conséquents, plus ou moins avancés. Peu différents de principes, ils marquent des degrés sur une ligne unique, dont ils ne s’écartent guère ; ils forment comme l’échelle de la révolution politique.

Le plus avancé, Saint-Just, n’ose toucher ni la religion, ni l’éducation, ni le fond même des doctrines sociales ; on entrevoit à peine ce qu’il pense de la propriété.

Que cette révolution, politique et superficielle, allât un peu plus ou un peu moins loin, qu’elle courût plus ou moins vite sur le rail unique où elle se précipitait, elle devait s’abîmer.

Pourquoi ? Parce qu’elle n’était soutenue ni de droite ni de gauche, parce qu’elle n’avait ni sa base ferme en dessous, ni, de côté, ses appuis, ses contreforts naturels. Il lui manquait, pour l’assurer, la révolution religieuse, la révolution sociale, où elle eût trouvé son soutien, sa force et sa profondeur.


C’est une loi de la vie : elle baisse si elle n’augmente.

La Révolution n’augmentait pas le patrimoine d’idées vitales que lui avait léguées la philosophie du siècle. Elle réalisait en institutions une partie de ces idées, mais elle y ajoutait peu. Féconde en lois, stérile en dogmes, elle ne contentait pas l’éternelle faim de l’âme humaine, toujours affamée, altérée de Dieu.