Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une bataille le 24… Elle avance, elle vient à nous ; tout à l’heure elle est à Saumur.

Les Anglais n’attendent pas. Leur armée joint l’autrichienne. Leur flotte est devant Dunkerque. Les Autrichiens n’attendent pas. Les voilà maîtres des camps qui couvraient Valenciennes. Vont-ils assiéger cette ville ou bien marcher sur Paris ? On ne voit pas ce qui les empêche d’y venir en quinze jours.

Dans une telle situation, toute entrave, toute objection aux moyens de défense que l’on proposait était une sorte de crime. Les Girondins n’offrant nul expédient devaient prendre, les yeux fermés, ce qu’offraient leurs adversaires. Ceux-ci en donnèrent plus d’un détestable, mais enfin ils en donnaient.

Les Girondins devaient faire attention à une chose qui, pour d’excellents républicains comme ils l’étaient, eût dû trancher la question, faire taire tout esprit de parti et les décider à se retirer : leur parti se royalisait.

Fondateurs de la République, ils devenaient et le bouclier et le masque des royalistes. S’ils n’étaient pas éclairés par leurs ennemis sur la situation, ils devaient l’être par leurs amis, par ces étranges et perfides amis, qui s’avançaient dans leur ombre pour frapper le cœur de la France.

L’aveuglement des Girondins de la Convention est une chose triste à observer. Restés nets, purs et loyaux, ils s’obstinèrent à ne pas voir les mélanges déplorables que subissait leur parti. Ils croyaient Lyon girondin ; dans leur fuite, en juin, en juillet, ils le trouvèrent royaliste. Il en fut de même de la